Cela fait plus de 40 ans que Warren Buffett envoie ses lettres annuelles aux investisseurs de Berkshire Hathaway.
Lire toutes ces lettres de 1977 à 2020 permet d’en apprendre certainement plus sur l’investissement que n’importe quel programme de grande école. C’est une véritable mine d’informations !
Voici un condensé des leçons d’investissements et autres idées clés qu’on peut trouver dans ces lettres.
Investir comporte un risque de perte.
1. La position dominante (Moat) d'une société n’est jamais figée dans le temps
Chaque jour, la position dominante d’une société sur un marché peut se renforcer ou s’affaiblir.
Cela se fait via des petites actions qui paraissent imperceptibles au jour le jour mais qui lorsqu’elles sont cumulées ont de grosses conséquences.
– Satisfaire les clients
– éliminer des coûts non nécessaires
– Améliorer les produits et services
L’objectif de la société “d’élargir son Moat” pour le long terme doit primer sur les objectifs court-terme. Si le management prend des décisions contre cet objectif dans le but d’atteindre des objectifs financiers court-terme et que la société perd sa position dominante, il sera par la suite très compliqué de réparer les dommages causés.
L’exemple d’une société qui a protégé son Moat récemment sans forcément chercher à remplir des objectifs financiers court terme c’est Adobe avec le rachat de son concurrent Figma pour 20 milliards de dollars.
2. L’effet réseau
Les journaux de l’époque ressemblent aux réseaux sociaux et aux plateformes d’aujourd’hui comme Amazon, Meta, Google, l’App Store ou encore AirBnb.
L’effet d’inertie fait que plus d’utilisateurs engendre plus d’annonceurs engendre plus d’utilisateurs, etc…
Seules les plateformes les plus grosses survivent. À l’époque, les familles n’achetaient qu’un ou deux journaux par jour pour s’informer. Les annonceurs préféraient les journaux qui se vendaient au plus grand nombre et les lecteurs préféraient les journaux qui avaient le plus de pages.
Du coup dans une même grande ville, seul un ou deux journaux sortaient vraiment du lot face aux autres. Une fois que la concurrence disparaissait, les journaux avaient le pouvoir d’augmenter leurs prix à la fois pour les annonceurs et à la fois pour les lecteurs. Les profits explosaient alors.
3. Coûts fixes coûts variables
Les sociétés avec des coûts fixes élevés et des coûts variables faibles (comme les journaux de l’époque) voient leurs résultats augmenter plus rapidement que leur CA.
Toutefois attention, une baisse des ventes soudaine peut faire sombrer la société.
Exemple de secteurs avec coûts fixes élevés : Compagnies aériennes, croisiéristes, hôteliers, constructeurs auto, fabricants de semi-conducteurs, sociétés télécoms, sociétés pétrole et gaz…
4. Fondamentaux de l’investissement
- Restez dans votre cercle de compétence, investissez dans ce que vous connaissez.
- Concentrez vous sur les futurs cash flows.
- Abstenez-vous de spéculer sur les prix.
- Ignorez la volatilité des prix sur le court-terme.
- N’essayez pas de prédire la macroéconomie, c’est une perte de temps.
5. Mister Market
Considérez Mister Market comme un associé de votre business qui se présente chaque jour pour vous proposer un prix d’achat ou de vente.
Lorsqu’il est optimiste, il ne voit que des facteurs positifs et vous propose un prix élevé.
Lorsqu’il est pessimiste, il ne voit que des problèmes et vous propose un prix bas.
Bien que la société ait toujours les mêmes caractéristiques économiques, le prix que vous propose M. Market varie beaucoup car il est particulièrement émotif. Ne vous laissez pas influencer par ce qu’il dit. Au contraire, profitez de cette faiblesse pour faire des bonnes affaires.
6. Qu’est ce que le risque ?
Le risque ne vient pas de la volatilité des prix. Il ne peut pas non plus être résolu par une simple diversification.
Concentrez-vous sur l’objectif suivant : la somme que vous récupérerez à la fin de votre investissement (dans 5 – 10 – 20 ans) après impôt devrait vous donner au minimum le même pouvoir d’achat qu’au départ + un taux de rendement modeste.
C’est encore plus important de s’en soucier avec une forte inflation.
Pas besoin d’anticiper la valorisation future de la société avec une grosse précision (de toute façon c’est impossible), avoir vaguement raison suffit.
7. Actions croissance vs value
Penser que les actions avec un faible PER, un faible Price to Book ou un rendement de dividende élevé sont forcément des actions values est une erreur de débutant.
Une action avec PER élevé, PB élevé ou un faible rendement du dividende peut très bien être un bon achat “value”.
Concentrez-vous plutôt sur le ROC (rendement du capital) par rapport au coût du capital.
8. Entreprises pérennes
Warren Buffett aime se concentrer sur ce qui ne change pas, l’essence même de l’entreprise.
– Pour les clients de la société See’s Candies qu’il a acheté en 1972, c’est la marque premium.
– Pour Coca Cola qu’il a acheté en 1988-89, le cœur de l’entreprise n’a pas changé non plus.
– Pour les clients d’Amazon par exemple, ce sont les prix bas.
– Adobe permet la création et le design.
– etc…
La technologie change, mais pas la motivation initiale des clients.
9. Investir dans “Les Incontournables”
Entre une croissance rapide ou une croissance plus certaine, Warren Buffett choisira toujours la dernière option. C’est pourquoi il classe Coca-Cola et Gillette parmi les incontournables.
Les jeunes sociétés à la croissance rapide dans les premières années mais à la pérennité incertaine sont des investissements qu’il évite. Il préfère être certain d’un bon résultat qu’espérer un résultat extraordinaire.
10. Investir dans la qualité
À long terme, le rendement de votre investissement reflètera le retour sur capital (ROC) sous-jacent de l’entreprise.
Même si une entreprise qu’il détient pour sa qualité est légèrement surévaluée, Warren Buffett la conservera plutôt que de changer pour une entreprise moins chère et potentiellement de moindre qualité.
11. Attention aux “Value-Trap”
Très faible PER ne veut pas forcément dire bonne affaire.
Investir dans des entreprises de mauvaise qualité simplement à cause de leur prix est une erreur que beaucoup de débutants commettent.
À moins que vous n’ayez la capacité de liquider rapidement une entreprise de mauvaise qualité (peu probable), vous verrez la valeur de celle-ci s’évaporer lentement avec le temps.
“Le temps est l’ami de l’entreprise extraordinaire et l’ennemi de l’entreprise médiocre.”
12. L’effet de levier
Ne vous endettez pas pour investir en bourse.
Même le fonds de Warren Buffett a connu des baisses de 50%, s’il avait un effet de levier x2 l’histoire se serait terminée.
Ne vous exposez pas à la possibilité d’être ruiné. Les gros titres des journaux vous feront paniquer et vous ferez des erreurs.
En investissement, avoir un esprit clair et serein est crucial pour prendre des bonnes décisions.
13. Rachats d’actions (share buybacks)
Cela n’a de sens que si l’entreprise :
• dispose d’assez de fonds pour maintenir son avantage concurrentiel / position dominante
• n’a pas trouvé de solution pour réinvestir son argent à des meilleurs rendements
• considère que ses actions se vendent sous leur valeur intrinsèque
14. Investissements non productifs
Investir pour réduire les coûts et proposer un meilleur prix que les concurrents peut sembler être une bonne idée du point de vue de l’entreprise seule.
Mais si la société n’a pas de Moat (position dominante), les concurrents vont pouvoir rapidement copier son avantage et faire pareil.
Si les concurrents peuvent facilement baisser leur prix aussi. Il s’agit donc d’une décision irrationnelle du point de vue de l’ensemble des entreprises.
Car tous ces investissements auront été faits pour au final presque aucun gain en termes de marge et de résultat.
Attention aux sociétés qui présentent un mauvais retour sur capital. Elles font des réinvestissements qui augmentent leurs actifs mais qui ne font que détruire la valeur.
15. Tous les résultats ne se valent pas
Une entreprise lourde en actifs qui a besoin de réinvestir constamment ses résultats seulement pour maintenir son avantage concurrentiel / position dominante ne génère pas de « bénéfices réels ».
Car si la société distribuait ces bénéfices aux actionnaires, elle perdrait alors sa position concurrentielle et verrait ses fondamentaux se détériorer.
Peu importe le payout ratio, conservatif ou pas, une société qui distribue la part du bénéfice dont elle a besoin pour maintenir sa position concurrentielle ne peut que décliner dans le temps et sera potentiellement forcée de faire des augmentations de capital.
16. Inflation
Les entreprises qui ont peu d’actifs corporels et qui ont un fort pouvoir de fixation des prix (pricing power) bénéficieront de l’inflation.
D’autre part, les entreprises qui doivent investir dans des nouvelles machines, des nouvelles usines et des nouvelles propriétés pour rester pérennes souffriront en période de forte inflation.
Conclusion
Ces lettres sont disponibles à cette adresse :
https://www.berkshirehathaway.com/letters/letters.html
Vous pouvez aller les lire si cela vous intéresse et si vous avez du temps devant vous. Sinon on espère que ce résumé vous aura plu et vous aura motivé à investir !
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Investir comporte un risque de perte.