Après la hausse d’Alstom de 10% suite à la publication de ses résultats, on a voulu l’analyser pour voir s’il était intéressant d’en prendre une petite louche dans notre challenge d’investissement.
On va regarder le graphique d’Alstom et ses chiffres pour avoir une idée globale de la société. La question est de savoir si elle a vraiment sa place dans notre liste PEA avant d’en acheter des actions.
Pour cela on a recherché “Alstom investor relations” dans Google et on a analysé leur publication semestrielle. Dans cet article on va vous faire un bref résumé des points positifs et négatifs selon nous.
Investir comporte un risque de perte.
Graphique Alstom
Si on prend du recul on voit que depuis 3 ans elle est dans un canal entre 30€ et 50€. En ce moment on est en bas de ce canal, proche des 30€, c’est donc pour ça qu’on a commencé à s’intéresser à la société.
Chiffres clés Alstom (12/11/2021)
On voit qu’elle vaut entre 12 et 13 milliards d’euros, qu’elle fait très peu de résultat, qu’elle a une dette correcte et qu’elle verse un dividende relativement faible.
C’est une société qui fait son petit bout de chemin, qui fait un peu de croissance, un peu de résultat, qui verse un peu de dividendes. Tout est en « un petit peu ».
Plus de 50% de leur chiffre d’affaires est réalisé avec la ventre de train, tramway et locomotives, 20% de services ferroviaires, 18% de systèmes et signalisation et le reste en infrastructures ferroviaires.
Elle emploie 72 000 personnes et vend partout dans le monde (Europe 60%, Amériques 15%, Asie 12%, Moyen Orient-Afrique 12%).
Points positifs
1. Croissance du chiffre d'affaires et des commandes
Le CA d’Alstom est en hausse de 14% (7.4 milliards) et les commandes en hausse de 81%. Ils parlent d’une “forte dynamique commerciale” liée à la fois à une forte demande extérieure et un bon travail des commerciaux en interne donc bravo à eux.
2. Carnet de commande rempli
Le carnet de commandes est bien rempli (76.4 milliards). Selon le management ça garantit 30 milliards de CA sur les 3 prochaines années. ça sécurise et ça enlève de l’incertitude pour les investisseurs donc c’est une bonne chose.
3. Innovations : Train hydrogène et Airbus cybersécurité
Ils présentent un peu leurs innovations dans les solutions durables et intelligentes telles que les trains à hydrogène du futur sur lesquels ils sont les premiers au monde. Leur partenariat avec Airbus Cybersécurité pour fournir des solutions dans le domaine de la cybersécurité des opérateurs ferroviaires. Pas mal pour se diversifier et rester dans le coup.
4. Synergies du rachat de Bombardier Transport
Synergies suite au rachat de Bombardier Transport il y a moins d’un an, l’un de leurs principaux concurrents qui est basé au Canada, qui leur permet d’enlever un concurrent pour avoir peut-être plus de liberté au niveau des prix de ventes qu’ils proposent aux appels d’offres.
5. Obligations à taux très faible
Ils se financent notamment avec des obligations qui ne leur coûtent presque rien. D’ailleurs on se demande même comment des obligations à 0.125% ou 0.5% de rendement peuvent intéresser les investisseurs.
Points négatifs
De manière générale, leur publication de résultats est un peu illisible dans le sens où elle contient beaucoup de détails et parfois de choses qu’on a pas trouvé très intéressantes (leur feuille de route pour changer de culture et se digitaliser par exemple). Ce n’est pas un véritable plaisir de lire leur publication. On est noyé dans l’information.
1. Marge opérationnelle en forte baisse et très faible
La marge d’exploitation est en forte baisse, elle était à 7.5% et elle est maintenant à 4.5% du CA et le résultat net de 170M représente seulement 2.3% du CA. Ils se donnent beaucoup de peine pour vendre plus de trains pour au final ne gagner que des piécettes alors qu’on pourrait imaginer qu’ils aient la possibilité d’avoir un fort pricing power étant donné qu’ils sont peu nombreux à construire des trains dans le monde.
Ils ne visent que 8 à 10% de rentabilité opérationnelle en 2024/2025. Soit ils sont obligés de vendre pas cher (peut-être qu’il y a plus de concurrence qu’on ne le croit) ou soit ils ont des coûts variables d’achat trop élevés mais en tout cas on a l’impression que c’est pas un secteur où on gagne beaucoup d’argent.
Peut-être les coûts variables d’achats élevés sont liés à des problèmes d’actualité auxquels ils font face comme le prix des matières premières en hausse (acier, cuivre, aluminium), la pénurie de composants électroniques liés aux problèmes logistiques globaux…
D’ailleurs sur 7.4 milliards de CA il y en a 1.29 qui sont liés à des projets qui ne rapportent pas d’argent (marge négative)
2. Free cash flow très négatif (variation du BFR)
Au niveau de leur free cash flow c’est la catastrophe. Ils parlent de dépenses non récurrentes (certainement liées à l’intégration de Bombardier). Ils incluent plein de choses comme l’évolution défavorable de leur BFR sans donner beaucoup de détails.
On aurait aimé plus de clarté car pour le moment ça ne nous donne pas très envie parce que ça a l’air lié à leurs opérations. Avec la marge qui baisse c’est le second point le plus négatif selon nous.
3. Objectif de croissance peu ambitieux
Ils visent un objectif de taux de croissance annuel moyen seulement supérieur à 5% entre 2021 et 2025. Ce qui nous paraît faible donc on ne peut pas la mettre dans la catégorie des sociétés de croissance alors que son PER nous paraît élevé.
4. Taux de distribution du dividende peu pertinent ?
Ils annoncent également 25 à 35% de taux de distribution de dividende. ça ne représente rien avec un si petit résultat et ils devraient essayer plutôt de le réinvestir dans la croissance de la société selon nous car du coup il ne s’agit ni d’une société à dividende, ni d’une société de croissance.
On a un peu l’impression que chaque année est difficile et que les actionnaires veulent faire banque tout de suite (comme dans le maillon faible quand les joueurs ont tellement peu confiance dans leurs collègues qu’ils font banque à 100€).
5. Peu de dépenses en R&D et investissements
Ils dépensent 220 millions en R&D sur le semestre soit 3% du CA et ne compte investir que 2% du CA jusqu’en 2025. Vu leur marge, ils ont l’air bloqué dans ce système où ils ne peuvent pas se permettre d’investir massivement dans l’innovation alors qu’on est pourtant dans un environnement actuel où l’accès à des financements externes ne coûte presque rien. (obligations émises à 0.125% et 0.5%).
Conclusion : Notre avis
On a l’impression qu’ils se contentent de faire ce qu’on leur demande sans trop chercher à aller plus loin. Ils restent dans leur train train quotidien et ils utilisent des mots qui ne respirent pas l’ambition comme “stabilisation des projets”, « exécution de projets difficiles » par exemple.
On voit toujours dans les news des nouvelles commandes remportées par Alstom pour tel train vendu à telle ville, etc… Mais le cours ne réagit quasiment jamais car on imagine que les investisseurs savent que les marges sont tellement faibles qu’elle ne gagne pas grand-chose à chaque fois.
Alstom reste une marque connue mondialement, la société fait du résultat net positif et un peu de croissance, avec des barrières à l’entrée importantes et dans un secteur qu’on voit bien exister voire s’agrandir dans les prochaines années.
On se disait qu’on allait enfin pouvoir acheter une autre action éligible PEA dans notre challenge d’investissement mais toujours pas. On ne va pas la sortir de notre Watchlist PEA mais on pense qu’actuellement il y a de meilleures opportunités ailleurs.
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Investir comporte un risque de perte.